ANN JYOU KAN

ANN JYOU KAN
Le nom japonais de notre dojo
Anne Ducouret, allocution au Dojo « Ann Jyou Kan » du 17 mars 2007

worclaw shiba senseiChiba Senseï  dans une lettre du 09/02/07 a donné le nom « ANN JYOU KAN » à notre dojo. Il traduit cela en anglais par « a house of peace and prosperity », soit en français « une maison de paix et de prospérité ». Ce nom fait suite à ma demande écrite du 02 février 2006. Nous étions encore en pleine procédure administrative pour créer ce dojo dont les portes se sont finalement ouvertes en avril 2006 pour fonctionner à partir de septembre. J’ai pu formuler plus précisément ce souhait lors d’un entretien que Chiba senseï m’a accordé en août 2006.

Un dojo débutant ou l’esprit du débutant « sho shin  »appliqué à un espace dédié
Notre dojo avec ce nouveau nom débute et avance dans son engagement envers Chiba sensei et son école le Birankaï. C’est-à-dire qu’à travers notre pratique commune au sein de ce dojo nous avons à découvrir, à approfondir et à « vivre » les valeurs et la richesse de l’enseignement de Chiba senseï. Et je le remercie pour ce très beau cadeau. Je suis profondément touchée par ce symbole de l’affinité qui me lie en tant que pratiquante, pratiquante-enseignante et pratiquante-responsable de ce dojo à la lignée de Chiba senseï. De même, je remercie les enseignants du Birankaï pour leur collaboration dans cette démarche. Je remercie notre président d’association Reynald Deroche pour sa disponibilité et je remercie aussi tous les participants à la vie de ce dojo car cela ne prend de sens qu’avec eux.
Je ne sais pas bien sûr ce qui éventuellement au-delà de ma demande peut motiver Chiba senseï dans sa réponse, je peux seulement vous dire ce que cela m’évoque aujourd’hui. Ce nom à la fois souhaité, espéré et inattendu, je le comprends d’abord comme une perspective que nous avons à explorer.

Les temps du nom
L’arrivée de ce nom se situe dans l’alternance des « oui » et des « non  » qui ponctuent ce chemin entre détermination et renoncement.
Pour donner quelques repères : un 1er stage en présence de Norberto Chiesa shihan, Patrick Barthélémy senseï et Didier Hatton senseï a inauguré le début de la pratique dans ce lieu en octobre 2003. Le stage d’octobre 2006 dirigé par Norberto Chiesa shihan et Gabriel Vallibouze shihan a marqué le fait que notre organisation en devenant responsable de son espace de pratique peut s’engager plus justement avec les moyens qui lui sont propres dans cette pratique au sein du Birankaï.
Et aujourd’hui, ce stage de printemps avec Patrick Barthélémy senseï et Didier Hatton senseï nous donne l’occasion de nous retrouver autour de ce nom.
Mais, c’est aussi les « nons » qui affirment et confirment la voie que nous traçons avec ce dojo. Car ils mettent à l’épreuve, il s’agit de consentir au renoncement. En quelque sorte « un non et non » car le non ne vient jamais seul, il se répète, il se redouble, se différencie, indomptable, impatient refusant d’être identifié à l’insuffisance ou au déficit, à la fois origine et avenir, remettre les écarts en mouvement. « Penser c’est dire non, une fois pour rien, l’autre fois pour toutes »
Ainsi les « oui » et les « non » constituent l’originalité de notre mémoire et structurent notre devenir.

« ANN JYOU KAN » le nom japonais de notre dojo
Cette référence à l’origine culturelle de notre pratique peut se comprendre aussi comme la reconnaissance de notre part, de l’écart, de la différence d’angle qui nous est nécessaire dans cette étude des valeurs universelles véhiculées par l’aïkido et plus globalement par les budos.

ANN peut se prononcer phonétiquement comme mon prénom « anne » et d’autre part il signifie la paix en japonais. C’est-à-dire que dans notre langage en tant que prénom il symbolise l’énergie qui est propre à l’individu, alors que le nom renvoie à la notion de filiation à une famille. Dans ce cadre, je l’entends comme l’élan singulier à l’initiative de ce dojo, alors que ce qui fait son identité émerge au fur et à mesure du partage quotidien.
La paix aujourd’hui dans notre monde semble une utopie, un état inaccessible pour nos sociétés et dans nos rapports aux autres. Cette recherche de la paix ne rejoint-elle pas l’intention de O’Senseï lorsqu’il nous a transmis cette pratique qu’il appela aïkido ?
A notre échelle, n’est-ce pas l’apaisement nécessaire pour qu’un équilibre dynamique puisse se créer, se développer et prospérer, « le JYOU ».
La maison « KAN », un espace où l’on peut expérimenter les « oui » et « non » qui structurent nos existences ; travailler nos conflits, les apaiser pour approfondir notre richesse intérieure et participer aux échanges.


  1. T.K Chiba Shihan vit actuellement à San Diego où il enseigne. Il a contribué pendant de nombreuses années à développer l’aïkido en Angleterre et en Europe. Il a suivi l’enseignement du fondateur de l’aikido Moriheï Ueshiba comme uchi dechi pendant de nombreuses années.
  2. Référence à un article de Chiba senseï paru en 1989 dans « Sansho »
  3. Cette approche du temps à travers les « oui » et « non » vient de ce qu’en français « Nom » et « non » ont la même prononciation.